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César Cascabel - ebook
César Cascabel - ebook
Dans le roman „César Cascabel”, il est décrit les dangers complets liés au voyage de la famille d’un artiste itinérant à travers les États occidentaux d’Amérique, le Canada, l’Alaska, la Sibérie, la Russie européenne – dans leur pays d’origine, la Normandie française. Le roman parle de la famille Cascabel et de son chef, César, qui ont décidé de se rendre d’Amérique en France en passant par l’Alaska et la Russie. Le lecteur se familiarisera avec la morale des peuples habitant ces pays et sera ravi de la débrouillardise des héros qui se débrouillent dans des situations difficiles.
Kategoria: | Classic Literature |
Język: | Inny |
Zabezpieczenie: |
Watermark
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ISBN: | 978-83-8176-202-1 |
Rozmiar pliku: | 2,5 MB |
FRAGMENT KSIĄŻKI
PREMIÈRE PARTIE
Fortune faite
Famille Cascabel
La Sierra Nevada
Grande détermination
En route !
Suite du voyage
À travers le Caribou
Au village des Coquins
On ne passe pas !
Kayette
Sitka
De Sitka au fort Youkon
Une idée de Cornélia Cascabel
Du fort Youkon à Port-Clarence
Port-Clarence
Adieux au nouveau continent
DEUXIÈME PARTIE
Le détroit de Behring
Entre deux courants
En dérive
Du 16 novembre au 2 décembre
Les îles Liakhoff
Hivernage
Un bon tour de M. Cascabel
Le pays des Iakoutes
Jusqu'à l'Obi
Du fleuve Obi aux monts Ourals
Les monts Ourals
Voyage terminé et qui n’est pas fini
Une longue journée
Dénouement très applaudi des spectateurs
ConclusionPREMIÈRE PARTIE
I
fortune faite
« Personne n’a-t-il quelque autre monnaie à me donner ?… Allons, enfants, fouillez-vous !
— Voici, père ! » répondit la petite fille.
Et elle tira de sa poche un carré de papier verdâtre, chiffonné et crasseux. Ce papier portait ces mots presque illisibles : United States fractional Currency, entourant la tête respectable d’un monsieur en redingote, avec le nombre 10 six fois répété, — ce qui valait dix cents, soit environ dix sous de France.
« Et d’où cela te vient-il ? demanda la mère.
— C’est ce qui me reste de la dernière recette, répondit Napoléone.
— Et toi, Sandre, tu n’as plus rien ?
— Non, père.
— Ni toi, Jean ?
— Ni moi.
— Qu’est-ce qui manque donc encore, César ?… demanda Cornélia à son mari.
— Il manque deux cents, si nous voulons avoir un compte rond, répondit M. Cascabel.
— Les voici, monsieur patron, dit Clou-de-Girofle, en faisant voltiger une petite pièce de cuivre qu’il venait d’extraire des profondeurs de son gousset.
— Bravo, Clou ! s’écria la petite fille.
— Bon !… ça y est ! » s’écria M. Cascabel.
Et « ça y était », pour parler le langage de cet honnête saltimbanque. Le total faisait près de deux mille dollars, soit dix mille francs.
Dix mille francs, n’est-ce pas une fortune, quand on n’est arrivé que par ses talents à tirer argent de la générosité publique ?
Cornélia embrassa son mari, ses enfants vinrent l’embrasser à leur tour.
« Maintenant, dit M. Cascabel, il s’agit d’acheter une caisse, une belle caisse à secret où nous enfermerons toute notre fortune.
— Est-ce vraiment indispensable ? fit observer M Cascabel que cette dépense effrayait un peu.
— Cornélia, c’est indispensable !
— Peut-être un coffret suffirait-il ?…
— Voilà bien les femmes ! s’écria M. Cascabel. Un coffret, c’est pour les bijoux ! Une caisse, ou tout au moins, un coffre-fort, c’est pour l’argent, et, comme nous avons à faire un long voyage avec nos dix mille francs…
— Va donc acheter ton coffre-fort, mais marchande bien ! » répondit Cornélia.
Le chef de la famille ouvrit la porte de cette voiture, « superbe et conséquente », qui lui servait de maison foraine, il descendit le marche-pied de fer fixé aux brancards, et prit à travers les rues qui convergent vers le centre de Sacramento.
Au mois de février, il fait froid en Californie, quoique cet État soit situé à la même latitude que l’Espagne. Mais, serré dans sa bonne houppelande doublée de fausse martre, son bonnet de fourrure enfoncé jusqu’aux oreilles, M. Cascabel ne s’inquiétait guère de la température, et marchait d’un pas joyeux. Un coffre-fort, être possesseur d’un coffre-fort, avait été le rêve de toute sa vie : ce rêve allait se réaliser enfin !
On était au début de l’année 1867.
Dix-neuf ans avant cette époque, le territoire actuellement occupé par la ville de Sacramento n’était qu’une vaste et déserte plaine. Au centre s’élevait un fortin, une sorte de blockhaus, bâti par les settlers, les premiers trafiquants, dans le but de protéger leurs campements contre les attaques des Indiens de l’Ouest-Amérique. Mais depuis cette époque, après que les Américains eurent enlevé la Californie aux Mexicains, qui furent incapables de la défendre, l’aspect du pays s’était singulièrement modifié. Le fortin avait fait place à une ville — maintenant l’une des plus importantes des États-Unis, bien que l’incendie et les inondations eussent, à plusieurs reprises, détruit la cité naissante.
Donc, en cette année 1867, M. Cascabel n’avait plus à redouter les incursions des tribus indiennes, ni même les agressions de ce ramassis de bandits cosmopolites, qui envahirent la province en 1849, quand furent découvertes les mines d’or, situées un peu plus au nord-est sur le plateau de Grass-Valley, et le célèbre gisement de Allison-Ranch, dont le quartz produisait par kilogramme un franc du précieux métal.
Oui ! ces temps de fortunes inouïes, de ruines effroyables, de misères sans nom, étaient passés. Plus de chercheurs d’or, même dans cette partie de la Colombie anglaise, le Caribou, qui se trouve au-dessus du territoire de Washington, où des milliers de mineurs affluèrent vers 1863. M. Cascabel n’était plus exposé à ce que son petit pécule, gagné, on peut le dire, à la sueur de son corps, et qu’il portait dans la poche de sa houppelande, lui fût volé en route. En réalité, l’acquisition d’un coffre-fort n’était pas si indispensable qu’il le prétendait pour mettre sa fortune en sûreté ; mais, s’il y tenait, c’était en prévision d’un grand voyage à travers les territoires du Far-West, moins gardés que la région californienne — voyage qui devait le ramener en Europe.
M. Cascabel cheminait ainsi, sans inquiétude, le long des rues larges et propres de la ville. Çà et là, des squares magnifiques, ombragés de beaux arbres encore sans feuillage, des hôtels et des maisons particulières, bâties avec autant d’élégance que de confort, des édifices publics d’architecture anglo-saxonne, de nombreuses églises monumentales, qui donnent grand air à cette capitale de la Californie. Partout, des gens affairés, négociants, armateurs, industriels, les uns attendant l’arrivée des navires qui descendent ou remontent le fleuve dont les eaux s’épanchent vers le Pacifique, les autres, assiégeant le rail-road de Folsom, qui envoie ses trains vers l’intérieur de la Confédération.
C’était du côté de High-street que se dirigeait M. Cascabel, en sifflotant une fanfare française. Dans cette rue, il avait déjà remarqué le magasin d’un rival des Fichet et des Huret, les célèbres fabricants parisiens de coffres-forts. Là, William J. Morlan vendait bon et pas cher — au moins relativement — étant donné le prix excessif de toutes choses dans les États-Unis d’Amérique.
William J. Morlan était dans son magasin, lorsque M. Cascabel s’y présenta.
« Monsieur Morlan, dit-il, j’ai bien l’honneur… Je voudrais acheter un coffre-fort. »
William J. Morlan connaissait César Cascabel, et de qui n’était-il pas connu à Sacramento ? Depuis trois semaines ne faisait-il pas les délices de la population ? Aussi, le digne fabricant répliqua-t-il :
« Un coffre-fort, monsieur Cascabel ? Recevez tous mes compliments, je vous prie…
— Et pourquoi ?
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