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Le Pays des fourrures - ebook

Data wydania:
10 września 2019
Format ebooka:
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Le Pays des fourrures - ebook

L’expédition de la compagnie „Le Pays des fourrures” est l’un des romans géographiques les plus intéressants de Jules Verne. La baie d’Hudson a fondé un poste de traite sur l’océan. Soudain, ils se retrouvent sur une banquise soudée au continent. Le courage et la connaissance des voyageurs les aident à sortir d’une situation apparemment désastreuse avec honneur.

Kategoria: Classic Literature
Język: Inny
Zabezpieczenie: Watermark
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ISBN: 978-83-8176-245-8
Rozmiar pliku: 2,7 MB

FRAGMENT KSIĄŻKI

Table des matières

PREMIÈRE PARTIE

I. Une soirée au Fort-Reliance.

II. Hudson's Bay Fur Company.

III. Un savant dégelé.

IV. Une factorerie.

V. Du Fort-Reliance au Fort-Entreprise.

VI. Un duel de wapitis.

VII. Le cercle polaire.

VIII. Le lac du Grand-Ours.

IX. Une tempête sur un lac.

X. Un retour sur le passé.

XI. En suivant la côte.

XII. Le soleil de minuit.

XIII. Le Fort-Espérance.

XIV. Quelques excursions.

XV. À quinze milles du cap Bathurst.

XVI. Deux coups de feu.

XVII. L'approche de l'hiver.

XVIII. La nuit polaire.

XIX. Une visite de voisinage.

XX. Où le mercure gèle.

XXI. Les grands ours polaires.

XXII. Pendant cinq mois.

XXIII. L'éclipse du 18 juillet 1860.

DEUXIÈME PARTIE

I. Un fort flottant.

II. Où l'on est.

III. Le tour de l'île.

IV. Un campement de nuit.

V. Du 25 juillet au 20 août.

VI. Dix jours de tempête.

VII. Un feu et un cri.

VIII. Une excursion de Mrs. Paulina Barnett.

IX. Aventures de Kalumah.

X. Le courant du Kamtchatka.

XI. Une communication de Jasper Hobson.

XII. Une chance à tenter.

XIII. À travers le champ de glace.

XIV. Les mois d'hiver.

XV. Une dernière exploration.

XVI. La débâcle.

XVII. L'avalanche.

XVIII. Tous au travail.

XIX. La mer de Behring.

XX. Au large!

XXI. Où l'île se fait îlot.

XXII. Les quatre jours qui suivent.

XXIII. Sur un glaçon.

XXIV. Conclusion.PREMIÈRE PARTIE

I

Une soirée au Fort-Reliance.

Ce soir-là – 17 mars 1859 – le capitaine Craventy donnait une fête au Fort-Reliance.

Que ce mot de fête n'éveille pas dans l'esprit l'idée d'un gala grandiose, d'un bal de cour, d'un «raout» carillonné ou d'un festival à grand orchestre. La réception du capitaine Craventy était plus simple, et, pourtant, le capitaine n'avait rien épargné pour lui donner tout l'éclat possible.

En effet, sous la direction du caporal Joliffe, le grand salon du rez-de-chaussée s'était transformé. On voyait bien encore les murailles de bois, faites de troncs à peine équarris, disposés horizontalement; mais quatre pavillons britanniques, placés aux quatre angles, et des panoplies, empruntées à l'arsenal du fort, en dissimulaient la nudité. Si les longues poutres du plafond, rugueuses, noirâtres, s'allongeaient sur les contre-forts grossièrement ajustés, en revanche, deux lampes, munies de leur réflecteur en fer-blanc, se balançaient comme deux lustres au bout de leur chaîne et projetaient une suffisante lumière à travers l'atmosphère embrumée de la salle. Les fenêtres étaient étroites; quelques-unes ressemblaient à des meurtrières; leurs carreaux, blindés par un épais givre, défiaient toutes les curiosités du regard; mais deux ou trois pans de cotonnades rouges, disposées avec goût, sollicitaient l'admiration des invités. Quant au plancher, il se composait de lourds madriers juxtaposés, que le caporal Joliffe avait soigneusement balayés pour la circonstance. Ni fauteuils, ni divans, ni chaises, ni autres accessoires des ameublements modernes ne gênaient la circulation. Des bancs de bois, à demi engagés dans l'épaisse paroi, des cubes massifs, débités à coups de hache, deux tables à gros pieds, formaient tout le mobilier du salon; mais la muraille d'entrefend, à travers laquelle une étroite porte à un seul battant donnait accès dans la chambre voisine, était ornée d'une façon pittoresque et riche à la fois. Aux poutres, et dans un ordre admirable, pendaient d'opulentes fourrures, dont pareil assortiment ne se fût pas rencontré aux plus enviables étalages de Regent-Street ou de la Perspective-Niewski. On eût dit que toute la faune des contrées arctiques s'était fait représenter dans cette décoration par un échantillon de ses plus belles peaux. Le regard hésitait entre les fourrures de loups, d'ours gris, d'ours polaires, de loutres, de wolvérènes, de wisons, de castors, de rats musqués, d'hermines, de renards argentés. Au-dessus de cette exposition se déroulait une devise dont les lettres avaient été artistement découpées dans un morceau de carton peint, – la devise de la célèbre Compagnie de la baie d'Hudson:

PROPELLE CUTEM

«Véritablement, caporal Joliffe, dit le capitaine Craventy à son subordonné, vous vous êtes surpassé!

– Je le crois, mon capitaine, je le crois, répondit le caporal. Mais rendons justice à chacun. Une part de vos éloges revient à mistress Joliffe, qui m'a aidé en tout ceci.

– C'est une femme adroite, caporal.

– Elle n'a pas sa pareille, mon capitaine.»

Au centre du salon se dressait un poêle énorme, moitié brique, moitié faïence, dont le gros tuyau de tôle, traversant le plafond, allait épancher au dehors des torrents de fumée noire. Ce poêle tirait, ronflait, rougissait sous l'influence des pelletées de charbon que le chauffeur, – un soldat spécialement chargé de ce service, – y engouffrait sans cesse. Quelquefois, un remous de vent encapuchonnait la cheminée extérieure. Une âcre fumée, se rabattant à travers le foyer, envahissait alors le salon; des langues de flammes léchaient les parois de brique; un nuage opaque voilait la lumière de la lampe, et encrassait les poutres du plafond. Mais ce léger inconvénient touchait peu les invités du Fort-Reliance. Le poêle les chauffait, et ce n'était pas acheter trop cher sa chaleur, car il faisait terriblement froid au dehors, et au froid se joignait un coup de vent de nord, qui en redoublait l'intensité.

En effet, on entendait la tempête mugir autour de la maison. La neige qui tombait, presque solidifiée déjà, crépitait sur le givre des vitres. Des sifflements aigus, passant entre les jointures des portes et des fenêtres, s'élevaient parfois jusqu'à la limite des sons perceptibles. Puis, un grand silence se faisait. La nature semblait reprendre haleine, et de nouveau, la rafale se déchaînait avec une épouvantable force. On sentait la maison trembler sur ses pilotis, les ais craquer, les poutres gémir. Un étranger, moins habitué que les hôtes du fort à ces convulsions de l'atmosphère, se serait demandé si la tourmente n'allait pas emporter cet assemblage de planches et de madriers. Mais les invités du capitaine Craventy se préoccupaient peu de la rafale, et, même au dehors, ils ne s'en seraient pas plus effrayés que ces pètrels- satanicles qui se jouent au milieu des tempêtes.

Cependant, au sujet de ces invités, il faut faire quelques observations. La réunion comprenait une centaine d'individus des deux sexes; mais deux seulement – deux femmes – n'appartenaient pas au personnel accoutumé du Fort-Reliance. Ce personnel se composait du capitaine Craventy, du lieutenant Jasper Hobson, du sergent Long, du caporal Joliffe et d'une soixantaine de soldats ou employés de la Compagnie. Quelques-uns étaient mariés, entre autres le caporal Joliffe, heureux époux d'une Canadienne vive et alerte, puis un certain Mac Nap, Écossais marié à une Écossaise, et John Raë, qui avait pris femme dernièrement parmi les Indiennes de la contrée. Tout ce monde, sans distinction de rang, officiers, employés ou soldats, était traité, ce soir-là, par le capitaine Craventy.

Il convient d'ajouter ici que le personnel de la Compagnie n'avait pas fourni seul son contingent à la fête. Les forts du voisinage, – et dans ces contrées lointaines on voisine à cent milles de distance, – avaient accepté l'invitation du capitaine Craventy. Bon nombre d'employés ou de facteurs étaient venus du Fort- Providence ou du Fort-Résolution, appartenant à la circonscription du lac de l'Esclave, et même du Fort-Chipewan et du Fort-Liard situés plus au sud. C'était un divertissement rare, une distraction inattendue, que devaient rechercher avec empressement ces reclus, ces exilés, à demi perdus dans la solitude des régions hyperboréennes.

Enfin, quelques chefs indiens n'avaient point décliné l'invitation qui leur fut faite. Ces indigènes, en rapports constants avec les factoreries, fournissaient en grande partie et par voie d'échange les fourrures dont la Compagnie faisait le trafic. C'étaient généralement des Indiens Chipeways, hommes vigoureux, admirablement constitués, vêtus de casaques de peaux et de manteaux de fourrures du plus grand effet. Leur face, moitié rouge, moitié noire, présentait ce masque spécial que la «couleur locale» impose en Europe aux diables des féeries. Sur leur tête se dressaient des bouquets de plumes d'aigle déployés comme l'éventail d'une señora et qui tremblaient à chaque mouvement de leur chevelure noire. Ces chefs, au nombre d'une douzaine, n'avaient point amené leurs femmes, malheureuses «squaws» qui ne s'élèvent guère au-dessus de la condition d'esclaves.

Tel était le personnel de cette soirée, auquel le capitaine faisait les honneurs du Fort-Reliance. On ne dansait pas, faute d'orchestre; mais le buffet remplaçait avantageusement les gagistes des bals européens. Sur la table s'élevait un pudding pyramidal que Mrs. Joliffe avait confectionné de sa main; c'était un énorme cône tronqué, composé de farine, de graisse de rennes et de boeuf musqué, auquel manquaient peut-être les oeufs, le lait, le citron recommandés par les traités de cuisine, mais qui rachetait ce défaut par ses proportions gigantesques. Mrs. Joliffe ne cessait de le débiter en tranches, et cependant l'énorme masse résistait toujours. Sur la table figuraient aussi des piles de sandwiches, dans lesquelles le biscuit de mer remplaçait les fines tartines de pain anglais; entre deux tranches de biscuit qui, malgré leur dureté, ne résistaient pas aux dents des Chipeways, Mrs. Joliffe avait ingénieusement glissé de minces lanières de «corn-beef,» sorte de boeuf salé, qui tenait la place du jambon d'York et de la galantine truffée des buffets de l'ancien continent. Quant aux rafraîchissements, le whisky et le gin, ils circulaient dans de petits verres d'étain, sans parler d'un punch gigantesque qui devait clore cette fête, dont les Indiens parleront longtemps dans leurs wigwams.

Aussi que de compliments les époux Joliffe reçurent pendant cette soirée! Mais aussi, quelle activité, quelle bonne grâce! Comme ils se multipliaient! Avec quelle amabilité ils présidaient à la distribution des rafraîchissements! Non! ils n'attendaient pas, ils prévenaient les désirs de chacun. On n'avait pas le temps de demander, de souhaiter même. Aux sandwiches succédaient les tranches de l'inépuisable pudding! Au pudding, les verres de gin ou de whisky!

«Non, merci, mistress Joliffe.

C’est un échantillon gratuit. S'il vous plaît acheter la version complète du livre pour continuer.
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