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L’Invasion de la mer - ebook
L’Invasion de la mer - ebook
En Afrique du Nord, selon le plan des autorités françaises, un projet visant à créer une mer artificielle au Sahara est en préparation. Ils sont déjà en train de creuser un canal et d’envoyer des expéditions dans le désert pour étudier le relief, mais une bande d’indigènes sauvages mécontents de ce projet font tout pour que cela ne se matérialise pas. Le livre entier est un voyage en train de Tiflis à Pékin en train et une brève description des villes.
Kategoria: | Classic Literature |
Język: | Inny |
Zabezpieczenie: |
Watermark
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ISBN: | 978-83-8176-237-3 |
Rozmiar pliku: | 2,5 MB |
FRAGMENT KSIĄŻKI
l’oasis de gabès.
« Que sais-tu ?...
– Je sais ce que j’ai entendu dans le port...
– On parlait du navire qui vient chercher... qui emmènera Hadjar ?...
– Oui... à Tunis, où il sera jugé...
– Et condamné ?...
– Condamné.
– Allah ne le permettra pas, Sohar !... Non ! il ne le permettra pas !...
– Silence... » dit vivement Sohar, en prêtant l’oreille comme s’il percevait un bruit de pas sur le sable.
Sans se relever, il rampa vers l’entrée du marabout abandonné où se tenait cette conversation. Le jour durait encore, mais le soleil ne tarderait pas à disparaître derrière les dunes qui bordent de ce côté le littoral de la Petite-Syrte. Au début de mars, les crépuscules ne sont pas longs sur le trente-quatrième degré de l’hémisphère septentrional. L’astre radieux ne s’y rapproche pas de l’horizon par une descente oblique : il semble qu’il tombe suivant la verticale comme un corps soumis aux lois de la pesanteur.
Sohar s’arrêta, puis fit quelques pas au-delà du seuil calciné par l’ardeur des rayons solaires. Son regard parcourut en un instant la plaine environnante.
Vers le nord, les cimes verdoyantes d’une oasis, qui s’arrondissait à la distance d’un kilomètre et demi. Au sud, l’aire interminable des grèves jaunâtres frangées d’écume au ressac de la marée montante. À l’ouest, un amoncellement de dunes se profilant sur le ciel. À l’est, un large espace de cette mer qui forme le golfe de Gabès et baigne le littoral tunisien en s’infléchissant vers les parages de la Tripolitaine.
La légère brise de l’ouest qui avait rafraîchi l’atmosphère pendant cette journée était tombée avec le soir. Aucun bruit ne vint à l’oreille de Sohar. Il avait cru entendre marcher aux environs de ce cube de vieille maçonnerie blanche, abrité d’un antique palmier, et il reconnut son erreur. Personne, ni du côté des dunes ni
du côté de la grève. Il fit le tour du petit monument. Personne et aucune trace de pas sur le sable, si ce n’est celles que sa mère et lui avaient laissées devant l’entrée du marabout.
À peine s’était-il écoulé une minute depuis la sortie de Sohar, lorsque Djemma parut sur le seuil, inquiète de ne pas voir revenir son fils. Celui-ci, qui tournait alors l’angle du marabout, la rassura d’un geste.
Djemma était une Africaine de race touareg ayant dépassé sa soixantième année, grande, forte, la taille droite, l’attitude énergique. De ses yeux bleus, comme ceux des femmes de même origine, s’échappait un regard dont l’ardeur égalait la fierté. Blanche de peau, elle apparaissait jaune sous la teinture d’ocre qui recouvrait son front et ses joues. Elle était vêtue d’étoffe sombre, un ample haïk de cette laine si abondamment fournie par les troupeaux des Hammâma qui vivent aux alentours des sebkha ou chotts de la basse Tunisie. Un large capuchon recouvrait sa tête, dont l’épaisse chevelure commençait seulement à blanchir.
Djemma resta immobile à cette place jusqu’au moment où son fils vint la rejoindre. Il n’avait rien aperçu de suspect aux environs et le silence n’était troublé que par ce chant plaintif du bou-habibi, le moineau du Djerid, dont plusieurs couples voletaient du côté des dunes.
Djemma et Sohar rentrèrent dans le marabout pour attendre que la nuit leur permît de gagner Gabès sans éveiller l’attention.
L’entretien se continua en ces termes :
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